Sur la route d'Amsterdam

Sur la route d'Amsterdam

Jour J : Episode 2 : Only the beginning of the adventure*

*Only the beginning of the adventure (Seulement le début de l'aventure) - Harry Gregson Williams - Narnia soundtrack 2005

 

Cette fois c'est vraiment parti, mon Ironman est enfin lancé. Fini la longue attente, le stress, les doutes et les interrogations. Une fois le départ lancé, seul mon effort importe, je ne me concentre que sur ma course. Le départ natation est un peu plus violent que je ne pensais. Je me suis placé sur la gauche pour pouvoir viser la première bouée en ligne droite et je me trouve sur la deuxième ou troisième ligne. Mais il y a de l'enjeux, la course étant support des championnats nationaux de triathlon longue distance, le début de course est âpre pour se placer dans les premières places et pour ne pas se faire distancer des meilleurs dans la course au titre. Après avoir pris quelques coups de pieds et de poings, je décide que ce n'est pas ma course et je ralentis mon allure pour les laisser passer. Pas la peine de prendre des risques, c'est seulement le début de l'aventure et je ne veux pas hypothéquer mes chances de réussite à cause d'un mauvais coup dans l'eau. Je le rappelle, mon objectif est d'aller au bout et non pas de faire un temps canon donc à quoi bon prendre des risques pour gagner cinq ou dix minutes.

La nage se déroule donc dans le lac séparant le camping, où j'ai logé toute la semaine, de l'esplanade de départ et d'arrivée. Un lac plein d'algues assez grosses qui montent presque jusqu'à la surface. Elles nous caressent les mains et le visages quand elles ne s'accrochent pas dans les jambes pour nous ralentir. Un grand triangle est dessiné par les bouées près de l'esplanade, représentant une boucle de 1,9km à parcourir deux fois pour couvrir la distance demandée de 3.8km. Après avoir laissé passer les fauves, je retrouve un peu de place pour allonger mes mouvements et poser ma nage. 3.8km à la nage c'est long mais le plus long sera à suivre alors pas question de tout donner maintenant. Je ne cherche pas la vitesse mais à faire des mouvements efficaces et économiques. Il ne faut pas tourner les bras à fond la caisse et taper des jambes comme un dératé sinon je n'irai pas bien loin alors les mouvements sont lents et je recherche avant tout des sensations de glisse dans l'eau. Tout se déroule plutôt bien en ce début de natation. Après la première bouée, quasi demi-tour pour aller chercher la prochaine. Cette deuxième ligne droite est un peu compliqué car le soleil comme à pointer le bout de ses rayons à l'horizon. Il nous éblouit à chaque fois que nous relevons la tête pour nous orienter en cherchant les petites bouées de guidage entre les grandes bouées de virages. Il est très difficile de se repérer alors je suis machinalement les personnes qui me précèdent en espérant qu'elles nageront assez droit pour ne pas trop rajouter de distance. J'arrive à voir régulièrement les bouées de guidage donc ça va on nage droit. Arrivé à la deuxième bouée, virage à gauche pour viser la troisième, proche du bord. Pas de problème sur ce tronçon, le soleil étant sur mon côté droit et comme nous avons déjà parcouru plus d'un kilomètre, la place ne manque pas pour nager tranquillement. Troisième bouée et nouveau virage à gauche pour viser la première bouée qui paraît si loin.

J'entame mon deuxième tour sur le même rythme, les sensations étant toujours bonnes. Les écarts sont de plus en plus importants passé le deuxième kilomètre alors maintenant plus question de suivre les autres, il faut souvent relever la tête hors de l'eau pour chercher les bouées, je ne peux plus compter que sur moi même. Me revoilà à la première bouée où j'effectue à nouveau mon demi-tour. Le soleil est toujours ras mais un peu moins handicapant. Je commence à ressentir la faim. Mes difficultés à m'alimenter la veille au soir et le matin même se font ressentir. L'idéal pendant un effort est d'avoir le ventre vide pour ne pas être importuné mais en contre partie il faut s'alimenter et s'hydrater régulièrement pour ne pas risquer le coup de mou ou pire, la fringale et l'hypoglycémie. Or pendant la partie natation, impossible de se ravitailler et ça fait bientôt une heure que je maintiens un effort relativement soutenu. Il me tarde donc d'entamer le vélo pour me ravitailler. Encore une fois, le chemin est encore long et je ne veux pas me cramer d'entrée alors sentant la faim arriver je relâche quelque peu mon effort pour m'économiser. Les triathlètes de l'half Ironman, partant cinquante minutes après nous, se sont donc élancés peu de temps après mon passage près de la ligne de départ. Les premiers ne tardent pas à me rattraper nageant sur un rythme beaucoup plus élevé que le mien. Je m'écarte légèrement pour les laisser passer et ne pas risquer un coup involontaire. Virage à la deuxième bouée de ce second tour, le rivage se rapproche, je tiens le bon bout. Troisième bouée et je vois la sortie de l'eau face à moi. Les derniers mètres se passent tranquillement, je ne m'enflamme toujours pas et commence à penser à ma transition à suivre. Je profite quand même de mes derniers mouvements dans l'eau car même si je ne fais pas un temps exceptionnel (environ 1h30), je n'ai pas trouvé cette partie très longue et difficile et je sais que les deux disciplines suivantes me donneront plus de fil à retordre.

J'atteins le bord et me relève doucement en m'agrippant aux rambardes pour éviter les vertiges et désorientations dû au changement de position. Passer d'une position couché pendant 1h30 à une position debout modifie la circulation sanguine ce qui peut entraîner ces déséquilibres. Certains zig-zaguent, titubent ou même tombent au sol à la sortie de l'eau. Sortie calme, je marche et je récupère pendant que je retire le haut de ma combinaison néoprène en me dirigeant vers la zone de changement où se trouvent mes sacs. Jonathan, sortie de l'eau juste derrière moi, me double et m'encourage avant de continuer sa course pour faire sa transition. Moi je reste au pas pour bien souffler et penser à tous ce que j'aurai à récupérer dans mon sac. Arrivé vers mon sac, je m'assieds par terre en étalant mes affaires pour tout vérifier et ne rien oublier. Je range soigneusement mes affaires de natation, enfile chaussettes et chaussures de vélo, attache ma ceinture porte dossard, pré-ouvre mes sachets de nourriture pour gagner du temps et répartis tout ça dans mes poches en triant bien pour ne pas chercher cent sept ans ce que je voudrai manger. Après avoir attaché mon casque je sors de la zone de changement et arrive dans le parc à vélo. En approchant mon emplacement je me rends compte que seul mon vélo est encore présent sur le rack. D'autres vélos sont là mais sur des racks plus lointain, alors de voir mon vélo seul me tire un sourire mais ce n'est pas un souci pour moi, je ne vise pas la gagne. Je récupère ma machine et sors du parc à vélo, toujours en marchant, passe la ligne de sortie de transition et peux enfin enfourcher ma monture.

 

C'est parti pour 180 kilomètres en vélo...



15/09/2016
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